Orsten Groom – Volcan du coma
On s’endort sur un mot, sur une phrase ou sur une image, état de choses dont on n’est même pas conscient, mais qui, tel le mot de passe, nous réveillera au point du jour comme un réveille-matin.
Point de départ vers l’inconscient et point d’arrivée aussi au cerveau conscient, sans ce « mot de passe », que l’homme ne peut oublier, parce qu’il l’a marqué en lettres de feu, en s’endormant à la porte même de son cerveau conscient, et que voient les yeux de son subconscient lorsqu’il passe d’une chambre à l’autre.
Sans la redécouverte de ce mot de passe, l’esprit de l’homme, arrêté à la porte de la vie consciente, tomberait après un certain temps en sommeil léthargique et qui, se prolongeant, produirait la mort.
Deux tâches du début de la vie : réduire toujours plus ton cercle et vérifier encore et toujours si tu n’es pas caché quelque part hors de ton cercle.
Les tableaux sont une description un peu pompière de ce qu’on ressent quand on meurt. Un relevé nerveux de ce qui tranche l’existence, s’agglutine comme on le dit des langues, fait survivance selon peut-être cette phrase de Marceline Loridan- Ivens : « On garde toute sa vie l’âge de son traumatisme. »
Comme chacun sait, « On c’est un con » et il n’y a pas plus bête qu’un peintre. Les tableaux sont des choses, la peinture en est une autre : sa puissance est anonyme en tant qu’élan vital, comme le soleil ne brille pour personne personnellement.
Peinture est un flot des origines. Flot qui charrie l’origine en tout temps et tout être. Magma sous le feu sous la cendre. Trou dans tout ce qu’elle n’est pas. Cratère et délire. […]
Orsten Groom
Sous la direction de Stéphane Tarroux, conservateur en chef du patrimoine, directeur du musée Paul Valéry de Sète. Textes d’Orsten Groom ; Olivier Kaeppelin, critique d’art, écrivain ; Stéphane Tarroux.
Coédition Musée Paul Valéry / éditions Loubatières